19/07/2010

LES NOUVELLES SOUVERAINETÉS

Il y a deux formes de politique. La politique visionnaire est celle qui construit l'avenir en créant les structures adaptées et porteuses des efficacités de demain. Et puis il y a la politique réactive, celle de ceux qui ne sont demandeurs de rien. Cette attitude politique vise surtout à maintenir les pouvoirs découlant de structures de moins en moins adaptées au présent et à l'avenir de la vie en société. Mais en politique, les utopies d’aujourd’hui sont autant de gisements des potentiels de demain, voire les réalités d’après-demain.

Une politique visionnaire est patiente. Elle sacrifie son pouvoir immédiat à cette réalité à construire. La politique réactive est immobiliste. Elle sacrifie son devoir de contribuer à l’évolution harmonieuse de la société à son pouvoir immédiat. La politique réactive verrouille les lois, les pouvoirs, les médias, afin de freiner l’émergence, tout aussi inéluctable que le progrès, d’idées politiques nouvelles qui pourraient saper les fondements de son pouvoir.

L’organisation nationaliste de la société, qui découle d'évolutions moyenâgeuses de constitutions territoriales qui procèdent de guerres, de rachats, de mariages, d'échanges, est obsolète. La constitution d’empires, le regroupement de nations sous la domination de l’une d’entre elles, fut la première tentative historique de passer d’un niveau national à un niveau supranational. Elle a fait long feu.

Aujourd'hui, des supranationalités volontaires apparaissent, par nécessité et par évolution endogène, sous forme continentale voire intercontinentale, qui sapent la justification des États nations en termes de grandeur organisationnelle. Progressivement, les souverainetés nationales s’effacent devant les souverainetés directes et indirectes de la finance mondiale, de la mondialisation du travail, de l’ingénierie fiscale, de la communication instantanée et sans frontières, de la concentration des groupes industriels, de grandes unions économiques et de grands marchés communs. Aussi la souveraineté nationale s’épuise-t-elle par le dessus.

Aujourd’hui, des infranationalités apparaissent, de manière pacifique ou plus violente, qui offrent une réponse mieux adaptée aux besoins et aux typologies régionales. Ces autorités décentralisées récupèrent une grande partie des compétences autrefois nationales. Aussi la souveraineté nationale s’épuise-t-elle par le dessous.

Dans l’évolution des corps biologiques autant que dans l’organisation des sociétés, les mutations inutiles disparaissent assez rapidement, alors que celles qui sont utiles se pérennisent. C’est la loi de l’évolution. Tôt ou tard donc, dans quelques décennies ou quelques siècles, les États-nations disparaîtront forcément pour laisser place, notamment, à une Europe des régions.

L’autonomie de Bruxelles n’est plus une utopie. Ce n’est pas encore une réalité. C’est un gisement de potentialités à la réalisation desquelles je veux œuvrer.

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