30/04/2011

Olivier Maingain étend sa nation à la Wallonie

Le terrain de jeu politique du F.D.F. se limitait principalement à Bruxelles et à sa périphérie, dont les six communes à facilités. Aujourd’hui, le président du F.D.F. a posé la première brique de son implantation en Wallonie, donnant ainsi le coup d’envoi d’une extension qui donnera au parti une envergure territoriale communautaire globale. Dans une interview donnée au Vif – l’Express, notre francophonissime ne boudait pas son plaisir de contribuer ainsi à étendre la « nation F.D.F. »

Fin mars déjà, il avait présenté à l’université de Liège les grandes lignes de ce que pourrait-être un système fédéral dans lequel les Régions wallonne et bruxelloise se dissoudraient dans un monolithe communautaire. Il proposait de créer un parlement de la communauté française, dont les élus wallons et bruxellois formeraient ipso facto leur parlement régional respectif, une coquille vide qui serait dès lors totalement inféodée à la communauté et qui n’aurait d’autre utilité que de créer de coûteux postes honorifiques sans guère de compétences. Encore des cumuls de mandats en perspective. Quelques jours plus tard, Rudi Demotte (P.S.) n’annonçait-il pas le changement nominatif de sa Communauté française en Fédération Wallonie-Bruxelles ?

Mais que dit le M.R. de cette occupation frontiste du terrain wallon ? Certes, notre tisserand d’alliances francophones se défend de vouloir faire de l’ombre à son grand frère M.R. en Wallonie, mais tout de même : dès les élections communales de 2012, des participations F.D.F. devraient apparaître en bonne place sur les listes M.R., qui laissent présager d’une radicalisation au sein du parti bleu au niveau local. Le M.R. va-t-il dès lors lui-même se radicaliser et développer une version francophone du nationalisme flamand, tout comme le CD&V s’est aligné sur le discours monomaniaque flamand de la N-VA ? L’avenir nous dira si la direction du M.R. voit en notre sémillant défenseur des francophones contre le péril jaune et noir, le fer de lance d’une nation francophone hégémonique qu’elle appelle de ses vœux, ou au contraire un concurrent, un enfant turbulent, un partenaire de moins en moins contrôlable. Prenant les devants, Maingain rappelle sa maison mère à l’orthodoxie : Jean Gol n’avait-il pas lui-même, en 1993, négocié avec Antoinette Spaak la fusion du P.R.L. et du F.D.F. et souhaité la création d’une nation francophone ?

Ainsi, Olivier Maingain annonce-t-il vouloir renforcer l’union sacrée Wallonie-Bruxelles. Mais le but semble surtout de faire émerger une fierté francophone qui puisse d’une part tenir tête à la menace flamande, et d’autre part ingérer Bruxelles, sa jeunesse et sa création de richesses, comme on peut le lire entre les lignes de l’interview.

Exemples choisis :

Quand il dit « Asseoir l’unité inébranlable entre Bruxelles et la Wallonie », ne faut-il pas lire « créer de toute pièce une unité qui n’a jamais existé et qui n’est pas souhaitée par une très large majorité de Bruxellois, si l’on en croit le sondage Dedicated Research de septembre 2010 ? Ne s’agit-il pas avant tout de se réserver la vache à lait bruxelloise pour éviter de la voir confisquée par la Flandre ?

Quand il dit « A nos yeux, la Fédération Wallonie-Bruxelles est une relation privilégiée », ne faut-il pas surtout y voir le souhait de déforcer les Régions à l’avantage d’une communauté française rebaptisée Fédération Wallobru, retirant ainsi à Bruxelles le droit de présider à son propre destin et de se gérer elle-même pour faire face à ses défis propres ?

Quant il dit « assumer notre avenir au départ des forces propres à la Wallonie et à Bruxelles », ne faut-il pas comprendre le souhait de fonder l’avenir de la Wallonie sur la force économique de Bruxelles ?

Tout ceci ressemble furieusement à l’institution d’un nationalisme francophone sensé faire contrepoids au nationalisme flamand pour mieux pratiquer l’anschluss de la capitale. En cela leur stratégie ne diffère guère de celle des autres formations politiques, des deux côtés de la frontière linguistique. Les hommes et femmes politiques, même bruxellois, vont chercher leurs ordres dans des partis qui tous sont communautaires et qui n’auront donc jamais pour vocation de défendre les intérêts des Bruxellois. Même le F.D.F., qui se targuait de sa spécialisation bruxelloise, ne peut plus, à partir d’aujourd’hui, s’en prévaloir. Il n’y a que Pro Bruxsel pour défendre Bruxelles et l’ensemble de sa population.

Car pour répondre aux défis titanesques auxquels la capitale doit faire face d’urgence – pauvreté, chômage, analphabétisme, santé publique, pollution, transports, sécurité – elle ne peut compter que sur elle-même et certainement pas sur les communautés, tant flamande que française, ni sur des partis politiques qui ont toujours cherché à renforcer la Wallonie et la Flandre au détriment de Bruxelles et des Bruxellois.

12/04/2011

Débauches et embauches sur Bruxelles

Sont-ils devenus fous ?

La Flandre manque de candidats pour garnir les emplois vacants critiques, alors que le chômage flambe à Bruxelles, pouvait-on lire dans le journal flamand De Tijd du samedi 9 avril 2011. Dès lors, les deux régions on conclu un accord de coopération visant à améliorer la mobilité des demandeurs d’emploi. Le VDAB (office flamand pour l’emploi) et son équivalent bruxellois, Actiris, collaboreront dorénavant étroitement par le moyen d’une concertation régulière, d’un étalonnage mutuel et d’un service de médiation. Ainsi, les demandeurs d’emploi bruxellois ayant une formation de base se verront-ils offrir au moins 1500 emplois dans la périphérie flamande de Bruxelles. Actiris a promis de fournir six candidats bruxellois par poste offert.

La coopération concerne également des places de stages pour les étudiants et les demandeurs d’emploi. Dès 2012, le ministre Muyters libérera 150.000 euros pour permettre des formations linguistiques. Une cellule de reclassement est également prévue en cas de licenciements collectifs dans l’une des deux régions.

Je trouve incroyablement navrant que Bruxelles, qui accueille quelque 250.000 navetteurs venant de Flandre, doive envoyer ses chômeurs recevoir des cours de néerlandais et travailler en Flandre. Quel gâchis ! On veut diminuer la pollution et le stress dû aux embouteillages, et on envoie les Flamands travailler à Bruxelles, pendant qu’on dégage de l’argent pour envoyer les Bruxellois travailler en Flandre. Ce pays est fou !

Bruxelles détient le record du chômage en Belgique, en même temps que celui de la création d’emplois (quelque 700.000 emplois pour 1.100.000 habitants). Selon le journal Le Soir, notre région a créé 37.915 nouveaux emplois depuis 10 ans, tout en grossissant les rangs du chômage de 50% (36.350 personnes, soit 1 chômeur en plus pour chaque nouvel emploi créé) alors que la population n’augmentait que de 16% sur le même laps de temps. Outre la croissance de la population, il y a le problème de l’état désastreux de notre enseignement (voir le rapport européen Pisa). 80% des emplois privés bruxellois requièrent le bilinguisme français-néerlandais. Faute de main-d’œuvre qualifiée, les employeurs recrutent dans les autres régions. Et aujourd’hui, le VDAB va recruter les chômeurs bruxellois unilingues et les former au néerlandais pour travailler en Flandre.

Si au moins une partie de l’impôt était perçu sur le lieu du travail, cela permettrait à Bruxelles de se financer correctement, d’organiser un enseignement bilingue de qualité pour tous les jeunes, et d’ouvrir de vraies perspectives d’avenir au sein de leur région, à nos 106.000 chômeurs. Au lieu de cela, les politiciens nationalistes flamands rechignent à nous faire l’aumône et préfèrent organiser un chassé-croisé qui tue la planète, qui empoisonne les Bruxellois, qui fait perdre des heures en embouteillages à des centaines de milliers de Belges qui passent leur temps dans leur voiture ou dans le train plutôt que d’être avec leurs familles.

Ils sont complètement toqués !

11/04/2011

Fédération Wallonie-Bruxelles… Keep on dreaming!


Des fédérations qui s'emboîtent et parfois se chevauchent, ça finit toujours par coincer.

Le 30 mars dernier, dès avant que la Communauté française de Belgique ne soit rebaptisée Fédération Wallonie-Bruxelles, Olivier Maingain présentait à l’université de Liège sa vision d’un avenir commun de la Wallonie et de Bruxelles. Le 5 avril, c’était chose faite : la Fédération Wallonie-Bruxelles était née.

L’usine à gaz institutionnelle bruxelloise, avec ses deux communautés, son apartheid linguistique, sa région, ses 19 communes, sa commission communautaire commune, malgré sa complexité, reposait sur un socle logique : accorder les compétences de gestion du territoire à la Région, et les compétences personnalisables, telles que l’enseignement et la culture, à une Communauté française et à une Communauté flamande. La fusion entre région et communauté flamandes ainsi que la création d’une fédération W-B sapent ipso facto les fondations de cet édifice branlant.

Le changement de nom n’est pas anodin car, même s’il n’entraîne aucun changement constitutif ou constitutionnel, il implique quand même le passage d’une communauté linguistique francophone vers une fédération territoriale. C’est donc bien d’un premier pas vers une fusion entre communauté française et régions wallonne et bruxelloise qu’il s’agit. Tiens, cela me rappelle les amours fusionnelles de ces coucous appelés région et communauté flamandes, qui ont pondu leur capitale dans le nid d'autrui.

Alors pourquoi vouloir maintenir un système communautaire – pardon, ça s’appelle maintenant la Fédération Wallonie-Bruxelles – en plus du système régional ? Il suffirait de transférer les compétences communautaires aux régions, et on marierait enfin efficacité et simplification. La réponse est claire : tant la région flamande que la région wallonne veulent pouvoir continuer à user et à abuser de Bruxelles. Il suffit d’ailleurs de considérer les détails organisationnels offerts par notre défenseur des francophones, Olivier Maingain, pour s’en convaincre. Le parlement de la Communauté française deviendrait le parlement de la Fédération W-B, comprenant un collège wallon de 30%, un collège bruxellois de 30% et un collège commun de 40% des sièges. Les députés bruxellois et wallons formant leur parlement régional respectif. Cela a l’air équilibré. A première vue.

Car l’idée est aussi de transférer les compétences fédérales belges vers cette fédération W-B. A terme, il y a fort à parier que les régions se résumeraient à de simples régions électorales.


Un machin qui pose des questions

Pourquoi la Fédération W-B ferait-elle mieux que la Communauté française à Bruxelles, en matière d’enseignement, dont je rappelle qu’il est sous-financé, mal géré, obsessionnellement unilingue et inadapté à notre population allochtone ?

Que répondraient nos excellences francophonissimes, si la Flandre, rien que pour rire, décidait de rebaptiser sa communauté flamande en Federatie Groot Vlaanderen en y incluant Bruxelles ?

Nos cantons de l’Est apprécieraient-ils de voir disparaître leur communauté germanophone pour être intégrés dans la Fédération wall-bru ?

Si tous les transferts de compétence venant de l’Etat fédéral vont à la Flandre d’une part et à la Fédération W-B de l’autre, cela veut dire que la Flandre et la Wallonie augmenteraient leur mainmise sur Bruxelles.

En quoi la nouvelle donne garantit-elle un financement équitable de Bruxelles ?


La fédération Wall-Bru : une vraie fausse bonne idée ?

La seule chose que je puisse voir de positif dans cette fédération, c’est la reconnaissance implicite de Bruxelles en tant que Région à part entière, partenaire égalitaire de la Wallonie. Et c’est bien ce qui embête les nationalistes flamands de la NV-A et du CD&V, qui veulent faire de Bruxelles une sous-région destinée à être cogérée par la Flandre et par la Wallonie, avec différentes sous-nationalités, avant de l’ingérer grâce à un régime de « facilités » débouchant sur une flamandisation forcée (inburgering).

La fédération impliquerait aussi une assimilation des Bruxellois néerlandophones et des Wallons germanophones dans un complexe dont la Wallonie aura en mains toutes les ficelles de la démocratie, qui trouverait ici tout sons sens de dictature d’une majorité sur des minorités.

Ce n’est donc pas par bonté d’âme que la Wallonie veut voir Bruxelles comme une région à part entière, qui pourrait entrer dans une fédération exempte d’identités linguistiques, qui damerait le pion à la Flandre en créant un contrepoids qui, bientôt, vu l’évolution démographique, mettrait à égalité numérique le nord et le sud du pays.


Et l’avis des Bruxellois dans tout ça ?

Comme d’habitude, on s’en tamponne. Les élus bruxellois francophones, Piqué en tête, entrent dans le système car ils boivent depuis trop longtemps au sein flétri de leurs partis communautaires respectifs, qui ont leurs racines et leurs majorités en Wallonie. Olivier Maingain a arrêté depuis longtemps de défendre les Bruxellois pour se retrouver seul avec sa peau de chagrin périphérique.

Ne parlons plus de démocratie, même indirecte. Nous vivons en particratie et en eurocratie. Je ne pourrai croire à la volonté des grands partis traditionnels de défendre les intérêts des Belges en général et des Bruxellois en particulier que lorsqu’ils auront vraiment tourné le dos au communautarisme pour s’organiser eux-mêmes de manière régionale.

Car seul le fait régional peut sauver la Belgique et Bruxelles. Le communautarisme n’apporte que blocages et dissensions.

Aujourd'hui, seul Pro Bruxsel, un mouvement par et pour les citoyens bruxellois de toutes origines, a une vraie vision d’avenir.