18/12/2010

LES INONDATIONS PREFERENT-ELLES LES FRONTIERES NATIONALES OU REGIONALES ?

« De Standard » du 18 décembre rapporte les propos d’André Denys, gouverneur de Flandre orientale, qui présentait les conclusions de l’enquête qui a fait suite aux graves inondations qu’a connues la province à la mi-novembre. L’enquête pointe du doigt les besoins de modernisation des écluses de la rivière Dender afin d’accélérer le débit d’eau, ce qui est prévu, mais aussi les besoins de concertation avec les régions limitrophes.

Ainsi la province ne pourra-t-elle se prémunir des graves et coûteuses conséquences d’inondations répétées, qu’à la condition que la Wallonie crée des moyens de rétention d’eau importants. Ces installations avaient été programmées, mais jamais réalisées. Le gouverneur demande à ce que soit organisée une concertation avec la région wallonne et avec la France pendant les périodes de crue, concertation inexistante à ce jour.

On voit ici à quoi mènerait l’éclatement du pays : toutes les concertations, qui pourraient aujourd’hui se faire facilement à l’intérieur du pays, devraient faire l’objet de traités internationaux – avec toute la lourdeur et lenteur que cela comporte – ou être organisée dans le cadre du travail des « euregios », c.-à-d. dans une structure européenne, donc supranationale, de coopération. De telles coopérations entre régions de pays voisins existent depuis de nombreuses années et sont subsidiées par l’Europe. On en trouve par exemple en matière de navigation fluviale, de soins, ou encore d’alerte rapide de pollution de l’air.

C’est à se demander pourquoi l’Europe, avec ses 29 pays, ses nombreuses langues et cultures, arrive à mettre en place ce qui semble impossible dans notre petit royaume. Faudrait-il en arriver à l’éclatement du pays en différentes nations indépendantes afin qu’enfin nos politiciens arrivent à travailler ensemble pour le bien de tous les citoyens, quelle que soit la langue qu’ils parlent ?

On peut, comme moi, être attaché à la Belgique. Force est de constater que semble manquer, chez nos politiques francophones et néerlandophones, la bonne volonté et le courage de la construire de manière décommunautarisée, en fédérant quatre régions qui voudraient coopérer dans l’efficacité et la solidarité. Avec pour objectif de sortir de ce guêpier, de rationaliser les dépenses du pays et, surtout, d’apporter les services publics auxquels les citoyens ont droit.

Mais ne nous leurrons pas : si nos surdoués de la politique particratique s’enlisent dans leur guerre des tranchées, pour Bruxelles, la réalisation de cet objectif ne pourra venir que d’un soulèvement populaire réclamant l’indépendance de notre Région, sous forme d’un Etat souverain.

Alors, prémonitoire, comme le disait Leterme à propos de la Brabançonne : « aux armes citoyens (bruxellois) » ?

06/12/2010

DES VACHES A TRAIRE

Les ténors rouges de Wallonie veulent-ils garder Bruxelles sous le joug du bi-communautarisme?

Le Mouvement wallon tenait son assemblé générale le 22 novembre, et y réunissait quelques ténors politiques tels Viseur, Happart ou Magnette, ainsi que d’autres ténors du monde économique, agricole, universitaire ou syndical. Je note que la demande unanime d’une autonomie pour la Wallonie s’accompagnait d’un vibrant plaidoyer pour la décommunautarisation d’une Belgique fédérale composée d’au moins trois régions fortes.

Ainsi Philippe Van Parijs (UCL), qui critiquait vivement le « communautarisme ethnique » que constitue la dichotomie communautaire francophone versus flamande. Thierry Castagne, d’Agoria-Wallonie, rappelait que le monde économique wallon veut garder un lien prioritaire avec Bruxelles.

Paul Magnette, l’étoile montante du P.S., fut le seul à ne pas réclamer la régionalisation des compétences dites « culturelles » au sens large. Très intelligemment, il a évité le débat en se focalisant sur les risques qu’entraînerait un dumping fiscal.

Cette observation permet quelques supputations. Si un nombre croissant de politiques de premier plan réclament la suppression des communautés pour fonder une fédération de régions, on remarque que les premiers violons du parti socialiste – Di Rupo et Magnette – n’en pipent mot. Auraient-ils dès à présent décidé qu’ils courberaient l’échine devant les revendications bi-communautaires flamandes ? Ou considèrent-ils que le maintien de tous ces gouvernements et parlements aussi redondants que coûteux permettra de garder des postes de ministres et de fonctionnaires où on peut placer les copains ?

Car si les grands partis étaient vraiment sincères quand ils s’écrient – toujours avant les éclections il est vrai -- que Bruxelles est sous-financée, est surexploitée et sur-appauvrie, ils pourraient émettre un signe fort à destination de la Flandre en décommunautarisant leurs propres partis et en leur donnant une structure régionale. Ce qu’on n’est pas prêt de voir.

La note d’humour involontaire est revenue à José Happart qui a affirmé que le confédéralisme serait le seul moyen pour confirmer Bruxelles en tant que région. Selon lui, en Belgique « il y a une vache qui mange en Flandre et une vache en Wallonie, et Bruxelles trait les deux vaches ». S’il se tenait informé des études universitaires récentes qui ont été publiées en Flandre, il saurait que Bruxelles rapporte chaque année 16,5 milliards à la Flandre et 8,5 milliards à la Wallonie. Parfois, je me demande s’il sait seulement traire les vaches…