11/04/2011

Fédération Wallonie-Bruxelles… Keep on dreaming!


Des fédérations qui s'emboîtent et parfois se chevauchent, ça finit toujours par coincer.

Le 30 mars dernier, dès avant que la Communauté française de Belgique ne soit rebaptisée Fédération Wallonie-Bruxelles, Olivier Maingain présentait à l’université de Liège sa vision d’un avenir commun de la Wallonie et de Bruxelles. Le 5 avril, c’était chose faite : la Fédération Wallonie-Bruxelles était née.

L’usine à gaz institutionnelle bruxelloise, avec ses deux communautés, son apartheid linguistique, sa région, ses 19 communes, sa commission communautaire commune, malgré sa complexité, reposait sur un socle logique : accorder les compétences de gestion du territoire à la Région, et les compétences personnalisables, telles que l’enseignement et la culture, à une Communauté française et à une Communauté flamande. La fusion entre région et communauté flamandes ainsi que la création d’une fédération W-B sapent ipso facto les fondations de cet édifice branlant.

Le changement de nom n’est pas anodin car, même s’il n’entraîne aucun changement constitutif ou constitutionnel, il implique quand même le passage d’une communauté linguistique francophone vers une fédération territoriale. C’est donc bien d’un premier pas vers une fusion entre communauté française et régions wallonne et bruxelloise qu’il s’agit. Tiens, cela me rappelle les amours fusionnelles de ces coucous appelés région et communauté flamandes, qui ont pondu leur capitale dans le nid d'autrui.

Alors pourquoi vouloir maintenir un système communautaire – pardon, ça s’appelle maintenant la Fédération Wallonie-Bruxelles – en plus du système régional ? Il suffirait de transférer les compétences communautaires aux régions, et on marierait enfin efficacité et simplification. La réponse est claire : tant la région flamande que la région wallonne veulent pouvoir continuer à user et à abuser de Bruxelles. Il suffit d’ailleurs de considérer les détails organisationnels offerts par notre défenseur des francophones, Olivier Maingain, pour s’en convaincre. Le parlement de la Communauté française deviendrait le parlement de la Fédération W-B, comprenant un collège wallon de 30%, un collège bruxellois de 30% et un collège commun de 40% des sièges. Les députés bruxellois et wallons formant leur parlement régional respectif. Cela a l’air équilibré. A première vue.

Car l’idée est aussi de transférer les compétences fédérales belges vers cette fédération W-B. A terme, il y a fort à parier que les régions se résumeraient à de simples régions électorales.


Un machin qui pose des questions

Pourquoi la Fédération W-B ferait-elle mieux que la Communauté française à Bruxelles, en matière d’enseignement, dont je rappelle qu’il est sous-financé, mal géré, obsessionnellement unilingue et inadapté à notre population allochtone ?

Que répondraient nos excellences francophonissimes, si la Flandre, rien que pour rire, décidait de rebaptiser sa communauté flamande en Federatie Groot Vlaanderen en y incluant Bruxelles ?

Nos cantons de l’Est apprécieraient-ils de voir disparaître leur communauté germanophone pour être intégrés dans la Fédération wall-bru ?

Si tous les transferts de compétence venant de l’Etat fédéral vont à la Flandre d’une part et à la Fédération W-B de l’autre, cela veut dire que la Flandre et la Wallonie augmenteraient leur mainmise sur Bruxelles.

En quoi la nouvelle donne garantit-elle un financement équitable de Bruxelles ?


La fédération Wall-Bru : une vraie fausse bonne idée ?

La seule chose que je puisse voir de positif dans cette fédération, c’est la reconnaissance implicite de Bruxelles en tant que Région à part entière, partenaire égalitaire de la Wallonie. Et c’est bien ce qui embête les nationalistes flamands de la NV-A et du CD&V, qui veulent faire de Bruxelles une sous-région destinée à être cogérée par la Flandre et par la Wallonie, avec différentes sous-nationalités, avant de l’ingérer grâce à un régime de « facilités » débouchant sur une flamandisation forcée (inburgering).

La fédération impliquerait aussi une assimilation des Bruxellois néerlandophones et des Wallons germanophones dans un complexe dont la Wallonie aura en mains toutes les ficelles de la démocratie, qui trouverait ici tout sons sens de dictature d’une majorité sur des minorités.

Ce n’est donc pas par bonté d’âme que la Wallonie veut voir Bruxelles comme une région à part entière, qui pourrait entrer dans une fédération exempte d’identités linguistiques, qui damerait le pion à la Flandre en créant un contrepoids qui, bientôt, vu l’évolution démographique, mettrait à égalité numérique le nord et le sud du pays.


Et l’avis des Bruxellois dans tout ça ?

Comme d’habitude, on s’en tamponne. Les élus bruxellois francophones, Piqué en tête, entrent dans le système car ils boivent depuis trop longtemps au sein flétri de leurs partis communautaires respectifs, qui ont leurs racines et leurs majorités en Wallonie. Olivier Maingain a arrêté depuis longtemps de défendre les Bruxellois pour se retrouver seul avec sa peau de chagrin périphérique.

Ne parlons plus de démocratie, même indirecte. Nous vivons en particratie et en eurocratie. Je ne pourrai croire à la volonté des grands partis traditionnels de défendre les intérêts des Belges en général et des Bruxellois en particulier que lorsqu’ils auront vraiment tourné le dos au communautarisme pour s’organiser eux-mêmes de manière régionale.

Car seul le fait régional peut sauver la Belgique et Bruxelles. Le communautarisme n’apporte que blocages et dissensions.

Aujourd'hui, seul Pro Bruxsel, un mouvement par et pour les citoyens bruxellois de toutes origines, a une vraie vision d’avenir.

Aucun commentaire: