22/09/2010

LA COMMUNAUTÉ GERMANOPHONE

Réaction article Belga : La Communauté germanophone traitée sur le même pied

<< Enfin, "et c'est le scénario que personne ne désire", en cas de scission de la Belgique, trois pistes sont envisageables: le maintien en Région wallonne, l'État indépendant ou le rattachement au Luxembourg ou à l'Allemagne. "L'option finale serait retenue par un référendum", selon Edmund Stoffels, qui entendait ainsi rectifier des "interprétations faites dans la presse" par rapport aux propos de Karl-Heinz Lambertz. >>

Commentaire :

Il y a quelques mois, la Communauté germanophone (C.G.) disait ne pas être demanderesse d’un changement de statut. C’était avant les élections et la poussée nationaliste flamande. Depuis, les choses ont bien changé. Ceci dit, la C.G. se trouve dans une situation privilégiée en ce que toutes les options lui sont ouvertes.

Si la Belgique devient une fédération de communautés, il resterait la communauté flamande, la communauté française et la communauté germanophone. Bruxelles, quant à elle, n’aurait plus que son titre de capitale pour sécher ses larmes.

Si la Belgique devient une fédération de régions, il y aurait quatre régions : flamande néerlandophone, bruxelloise bi/multilingue, wallonne francophone et cantons de l’Est germanophones. Ce scénario serait parfaitement acceptable pour les Bruxellois, et sans doute celui qui pourrait se faire le plus facilement en termes de coûts pour les régions et de moindre traumatisme psychosociétal.

Si la Flandre fait sécession, elle devient un pays. Mais sans Bruxelles, elle y laisserait trop de plumes. On l’imagine difficilement accepter un ‘corps étranger’ bruxellois au milieu de son territoire, ni un pont aérien entre la Wallonie et Bruxelles. D’autant que l’aéroport de Bruxelles se trouverait… en Flandre. La Flandre mettra donc tout en œuvre pour réaliser l’annexion de Bruxelles, qu’elle a toujours considéré comme sa capitale, trop longtemps confisquée par les francophones. Dans ce cas de figure, Bruxelles n’aurait d’autre choix que de réclamer son indépendance en tant que ville-État. On peut objecter sa petite taille, mais n’oublions pas qu’elle fait plus du double de la population luxembourgeoise. Un tel scénario pourrait aussi consacrer la fonction première de la ville en tant que capitale de l’Europe, indépendante de toute faction nationale ou linguistique. La Wallonie et la Flandre continueraient à profiter de leur qualité de « hinterland » de Bruxelles, sauf que les navetteurs se trouveraient soumis au droit international et devraient donc payer leurs impôts sur le lieu du travail, ce qui assurerait un revenu suffisant à la ville.

Dans un tel scénario d’éclatement de la Belgique, la C.G. pourrait en effet souhaiter rester attachée à la Wallonie, avec deux communautés linguistiques voisines, ou se rattacher au Luxembourg, avec lequel elle partage les langues courantes – allemand et français – ou à l’Allemagne. Ce dernier scénario me semble peu probable, sachant l’amour très modéré qu’ont les habitants du cru pour leur grand voisin. Quant à l’idée d’un État indépendant, cette option ne semble pas facilement viable.

Plus fondamentalement, il m’apparaît que les turbulences institutionnelles belges prouvent l’adage qui veut que la Belgique serve souvent de laboratoire pour essayer toutes les évolutions européennes. Car c’est bien de l’évolution vers une Europe des régions qu’il s’agit, du délitement des États-nations vers le renforcement des régions et du supranational. Il est dés lors étonnant et peu judicieux que des régions veuillent s’instaurer en États-nations, qui risquent plus tard d’être soumis aux mêmes érosions de souveraineté. Si la Belgique ici aussi sert de laboratoire, n’oublions cependant jamais que les expérimentations chimiques ne sont pas sans dangers.

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